mardi 1 mars 2011

They told me you had true grit...

C'est étonnant de voir à quel point le western, bien qu'étant un genre appartenant au passé (au même titre que le peplum, le film noir...), a été maintenu en coma artificiel ces dernières années. Tant de films ont tenté de redonner sa gloire cinématographique au grand ouest américain du XIXe siècle. Tous plus insignifiants les uns que les autres. À deux notables exceptions près.


La première, c'était en 2007. Ça s'appelait "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford". C'est devenu un de mes films fétiches de la décennie passée. Le film qui nous a fait comprendre que le western n'avait pas encore tout à fait dit son dernier mot. Avait-il ressuscité le genre pour autant ? Certainement pas. Ce qu'Andrew Dominik avait écrit dans la pellicule, c'était son requiem, sublime et poignant.

Et finalement, trois ans plus tard, ce sont les frères Coen qui entreprennent d'extirper pour de vrai le western de sa tombe. L'approche n'a rien à voir : ici, on ne cherche certainement pas la modernité. Pas même vraiment l'originalité. C'est une sorte de menu maxi best-of, avec tout ce qu'il faut de gueules crasseuses, de paysages arrides, de trains à vapeur, de chevaux, de vieux alcoolos bourrus. Ce qu'on cherche ici, c'est tout simplement le génie. Et on le trouve sans trop se forcer.

Louons la performance fabuleuse du principal trio d'acteurs, leur élégance, leur grandeur ! Louons la maîtrise ahurissante des Coen, dont le génie de la mise en scène n'est jamais aussi évident que quand il se fait aussi retenu ! Louons la capacité de tout ce petit monde à nous embarquer dans cette histoire aux enjeux simples, épiques et intimistes, bouleversants ! Tout embryon d'impression de déjà vue est instantanément dilué dans le pouvoir de fascination et la beauté ensorceleuse des images du film. À ce titre, existe-t-il des mots qui pourraient rendre justice au travail de Roger Deakins sur la photographie ? J'en doute.

Roger Deakins est d'ailleurs l'un des rares points communs entre Jesse James et True Grit. Pour le reste, quand l'un est un épilogue à l'histoire d'un genre qui a désormais fini de s'écrire, l'autre existe en s'affrichissant de son héritage, en s'envolant bien au-dessus de lui. On pourrait sans doute dire beaucoup sur la façon dont les deux films s'opposent. Mais en fin de compte, on retient surtout que malgré leurs différences, ces films parlent d'une voix commune quand ils nous affirment ceci : que le western en tant que genre soit mort ou non, l'ouest américain est un puit de richesse cinématographique que l'on a pas encore épuisé. Justement, j'entends dire que pourrait s'y dérouler le prochain film du plus célèbre brocanteur du septième art, Quentin Tarantino. Je suis curieux de voir ça, tiens.

2 commentaires:

Lézard a dit…

L'Assassinat de JJ, ou le film qui est relevé du stade "pas mal, mais longuet" à "vraiment bien en fait" par la force d'une seule scène. J'ai pas de souvenirs très précis de ce film. Je me rappelle que je suivais les cavales de Brad Pitt sans ennui, mais sans grande passion non plus. Sa mort, en particulier, m'a agacé par la longueur de la scène et par son côté franchement pathétique. Tout ça était voulu par le réal, évidemment, et bien maîtrisé je suppose. Mais la scène qui m'a vraiment fait apprécier le film arrive 10 minutes après, dans le théâtre, quand un "coward !" sort discrètement du public...

A part ça True Grit c'était bien.

Florian a dit…

Et encore, si au lieu de "coward!" il avait hurlé "nigger!", ça aurait carrément transformé le film en chef d'oeuvre !