jeudi 16 juin 2011

Alors maintenant, nous sommes six.

Dans le monde de l'animation française, on a un talent certain pour gâcher les bonnes idées. "On", ça désigne beaucoup de monde. Mais les gars d'Onyx Films et Luxanimation sont particulièrement forts à ce jeu-là. En 2006, Renaissance, malgré son concept indéniablement séduisant, laissait un amer goût d’inachevé dans la bouche, et fut un désastreux échec public, ne récupérant même pas 2 millions de dollars de recette au box-office mondial sur les 20 millions que coûtèrent sa production. Une question se pose donc : pourquoi récidiver ? Pourquoi refaire exactement la même connerie cinq ans plus tard ?

The Prodigies, à l’image de son prédécesseur veut à tout prix jouer au film américain. Ses ambitions sont internationales, qu'on se le dise. Et cela commence par cet affreux titre anglais. "The Prodigies". Mais pourquoi, bon sang ?! Pourquoi ne pas avoir simplement garder le superbe titre du roman FRANÇAIS dont le film est adapté, La Nuit des Enfants Rois ?

Très bien, jouons au film américain, adaptons notre histoire dans un style purement américain, écrivons nos dialogues en anglais. Problème : on n'est pas américain. Et donc, ça sonne faux, terriblement faux. Tant pour les personnages, tous aussi caricaturaux et superficiels les uns que les autres, que pour les situations, parfaitement grotesques la plupart du temps. C'est d'autant plus horripilant que l'on sent toujours en arrière plan l'âme du roman de Bernard Lenteric, avec sa force et son onirisme, qui tente vaguement de se faire entendre, mais qui n'est au final que défigurée par une telle débauche de stéréotypes et d'idiotie. Le portrait des Enfants Rois en devient particulièrement effroyable : loin des personnages souffrants et torturés qu'ils sont censés être, les voilà devenus de simples petites pestes animées d'une violence et d'un égoïsme absolument insupportables. Impossible de ressentir la moindre empathie pour ces petits merdeux, qui transforment l'ensemble du film (et en particulier son final hallucinant - pas dans le bon sens du terme) en un véritable supplice.

Bien évidemment, du haut de ses 20 millions d'euros du budget, le film ne peut aucunement prétendre à la moindre dimension spectaculaire. Avec son graphisme efficace mais banal, et son animation tristement rigide et inexpressive, il ne marquera pas les esprits. Mais de toute façon, soyons clair : aucune prouesse visuelle n'aurait pu excuser une écriture aussi misérable. Quel triste gâchis...

jeudi 9 juin 2011

Always you wrestle inside me

Peut-on tout pardonner à un génie ? Peut-on tout admettre tous ses excès ?

Terrence Malick est un extra-terrestre. Dans ses mains, une caméra se transforme en arme de destruction massive. Ses images sont puissantes, fiévreuses, belles, au-delà du concevable. Hélas, concaténer des séquences géniales ne suffit pas à faire un film génial. Tel une véritable tour de Babel cinématographique, The Tree of Life s’écroule régulièrement sous le poids de sa propre ambition ; malgré ses efforts répétés à faire dialoguer le drame social intimiste avec un ésotérisme new-age un peu obèse, il n’y parvient jamais de façon convaincante. Se voulant une sorte de méta-film nous racontant rien moins que l’univers tout entier, il finit par ne ressembler qu’à une étrange expérimentation, fonctionnant par fulgurances. De sacrés fulgurances, aussi magnifiques que bouleversantes, certes. Mais il est d’autant plus frustrant qu’un tel génie soit mis au service d’un film qui ne tient tout simplement pas debout.

Miaou, eh, miaou !

Il y a beaucoup d’idées dans ce film. Beaucoup de bonnes idées. Peut-être même un peu trop : il accumule à un rythme effréné les références, les symboles, les personnages pittoresques... Mais c’est au détriment du récit, qui se retrouve étouffé sous le poids de cette générosité excessive.

À trop jongler entre la fable, le délire surréaliste et une dure chronique des relations intercommunautaires, le film manque d’unité, et Sfar finit par s’embarquer dans un slalom confus qui largue petit à petit le spectateur, à mesure que la conclusion approche. C’est dommage, mais qu’importe : on retiendra surtout l’humour chaleureux et le merveilleux message humaniste de la première moitié du film.

mercredi 8 juin 2011

Nous allons être en retard !

Ce n’est pas un Paris de carte postale. C’est encore mieux que ça. C’est une utopie d’artiste, drôle et espiègle, inspirée et inspirante. C’est un concentré de bonheur, plein d’esprit, d’auto-dérision loufoque et tendre. Le meilleur film de Woody Allen depuis longtemps, très longtemps.