samedi 30 juillet 2011

That jet lag really done a number on you!

Badaboum. Stupeur et tremblements. Enfer et damnation. La catastrophe que l’on redoutait tous s’est finalement produite : Pixar a commis un mauvais film. Mais genre, vraiment mauvais.

La déception est très dure à avaler. Pourtant, je ne suis pas de ceux qui hurlent systématiquement au chef d’oeuvre à chaque sortie d’un nouveau Pixar. Et puis, le premier Cars était certes sympatique, mais tout de même un peu faiblard. Mais malgré tout, on nous avait habitué à une constance remarquable dans le savoir faire, l’intelligence du propos, le talent à raconter des histoires toujours plus surprenantes. Dans Cars 2, tout fout le camps, avec pertes et fracas.

On ne peut certainement pas accuser le film de mauvaises intentions. Les gars de Pixar ne sont pas devenus des branques du jour au lendemain (d’un point de vue technique et esthétique, le film est - évidemment - une démonstration), et John Lasseter n’a pas perdu sa candeur et sa sincérité. Pourtant, strictement rien ne fonctionne, la faute à une histoire furieusement laborieuse, constamment victime du syndrome du “et maintenant ?”. Le scénario avance par à-coups, usant systématiquement des mêmes ressorts exaspérants (deus ex machina à gogo, hasards improbables, quiproquos débiles), s’éparpille dans deux intrigues parallèles presque parfaitement décorellées et inutilement alambiquées. Étudiants en cinéma, analysez attentivement ce film : c’est un superbe florilège de tout ce qu’il ne faut absolument pas faire pour rendre une histoire crédible et intéressante.

Et ça rame péniblement, on passe d’une scène à l’autre sans jamais trop savoir pourquoi ni comment, on multiplie les dialogues poussifs et les personnages tous plus inintéressants les uns que les autres. L’humour étonnamment bas du front parvient quelques fois (pas souvent) a nous arracher un sourire gêné, mais on n’en peut plus d’entendre ces bagnoles radoter constamment la même chose (“Martin est trop con et il comprends rien à ce qu’on lui dit, hihi c’est drôle !”), nous seriner avec une telle insistance la même sempiternelle ode à l’amitié (“Martin est trop con, mais c’est mon ami, et c’est ça le plus important, trolilol !”). On se demande aussi, incrédule, ce qu’il est advenu du message du premier film : apologie de la lenteur, nous invitant à toujours prendre notre temps pour bien profiter des choses de la vie... qui se transforme en une fatigante course effrénée et hystérique autour du monde, au cour de laquelle on ne prend justement jamais le temps de s’attarder ni sur une situation, ni sur un personnage.

Une telle absence de maîtrise est stupéfiante. On croirait assister aux efforts vains un petit garçon plein de bonne volonté, qui s’est juré de faire le film ultime (même que dedans, eh ben y aura une Formule 1 qui va trop vite, et puis y aura des espions secrets, et puis, et puis y aura plein d’explosions et du karaté et un méchant qu’est trop méchant, et puis même y aura Lewis Hamilton, et ça va être trop bien !), mais qui, au bout du compte, doit comprendre qu’il ne sait tout simplement pas faire du cinéma. Qu’est-il donc advenu de la recette Pixar, de la mythique collaboration constante entre quelques uns de esprits créatifs les plus brillants de notre époque, celle-là même qui fait la fierté de John Lasseter ?! Elle semble avoir littéralement volé en éclat au cour de la fabrication de ce film (les pérégrinations de Brad Bird et Andrew Stanton dans le monde du cinéma en prise de vue réelle n’y sont sans doute pas pour rien). Espérons que ce ne soit que temporaire...

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