dimanche 24 avril 2011

We're, like, chained-by-destiny birds!

Quelle merveilleuse époque l'animation américaine est en train de vivre ! Près de quinze ans après l'avènement du roi Pixar, son héritage est enfin en train de se mettre en place. Revaloriser les auteurs, redonner aux films une personnalité qui soit celle de créateurs et non celle d'une entreprise : voilà ce qui semble être le nouveau mot d'ordre des studios. Grand bien leur en a pris : c'est de cette façon qu'en 2010, Disney (avec Glen Keane) et DreamWorks (avec Chris Sanders et Dean DeBlois) ont pu sortir deux films extraordinaire, d'une qualité que l'on n'aurait jamais osé espérer de la part de ces studios.

Et tout ça, chez la Fox, on l'a visiblement bien compris. Fini, les entreprises efficaces mais sans véritable âme (L'Âge de glace, Robots...) : il est temps de passer à la vitesse supérieure, de laisser un réalisateur faire un film avec ses tripes. Et les tripes du brésilien Carlos Saldanha, forcément, sont remplies de samba et des couleurs bigarrées du carnaval de Rio.

Tout est réunie pour que l'entreprise soit un succès total : une histoire vieille comme le monde et cousue de fil blanc, mais remise au goût du jour, et qu'on prend toujours plaisir à réentendre ; le rythme et l'énergie apportés par des personnages charismatiques ; et bien sur, la désarmante sincérité que nous garantit la démarche profondément personnelle de Saldanha. Et effectivement... il ne manque pas grand chose pour que le film soit vraiment convaincant.

En fait, ce qu'il manque à ce film, c'est tout simplement de la verve. Sur tous les thèmes qu'il aborde (le message écologique, la vie des favellas, l'extravagance de la population carioca...), on a l'impression que Saldanha est déjà à cours de choses à dire après seulement 30 secondes et deux ou trois répliques. La peur d'ennuyer ? Du coup, les situations s'enchaînent de façon mécanique et un peu artificielle, pas aidée par un casting vocal trop inégal : si l'ensemble des rôles animaliers sont plutôt bien desservies, les personnages humains sont en revanche étrangement désincarnés. Tout cela est par ailleurs ponctué par des numéros musicaux qui peinent à convaincre : introduits et justifiés de façon laborieuse, ils souffrent en outre d'une animation moyenne voire médiocre, statique et peu expressive (dans le genre "danse aviaire", on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec Happy Feet... et de constater qu'il y a quinze classes d'écart entre les deux films !).

Vu comme ça, on pourrait croire que je n'ai pas aimé le film. C'est se méprendre : je serais malhonnête de nier que, au final, le film fonctionne. Parce qu'il est drôle et chaleureux, parce que ses personnages sont éminemment sympathiques, et surtout, parce qu'il est plein de promesses : maladroit et peut-être pas assez ambitieux, mais certainement pas inconsistant, il réussit malgré tous ses nombreux défauts à se forger une réelle âme, et effleure même par instant une véritable élégance, capable de susciter l'émotion. En celà, il montre que les studios Blue Sky font désormais parti eux aussi de la shortlist des studios américains qui ont le potentiel de nous pondre des merveilles. Une shortlist qui, à ce jour, paraît moins "short" que jamais. Et ça fait méchamment plaisir.

Aucun commentaire: